Payer pour la recherche web? Oui, mais à quel prix?
L’emmerdification du Web en général, et de la recherche Google en particulier, a largement été documentée. Liens commandités omniprésents, liens d’achats souvent de qualité moyenne, omniprésence de YouTube : en voulant augmenter le niveau d'engagement avec ses utilisateurs (et ses profits), Google a grandement diminué la qualité de son expérience de recherche.
Et on ne parle même pas du suivi publicitaire imposé par la plateforme.
Il existe des solutions de rechange qui vous suivent moins, comme DuckDuckGo et Brave. Personnellement, je n’ai toutefois jamais accroché à ces services. Même bien emmerdifié, Google répond généralement mieux à mes requêtes. L’expérience est moins agréable qu’elle ne l’était auparavant, mais j’y obtiens malgré tout régulièrement les réponses que je cherche plus rapidement. L’intégration à Google Maps est aussi pratique.
Dans une mise à l’essai qui va faire jaser, le journaliste de The Verge David Pierce présente cette semaine Kagi, un moteur de recherche payant, qui offre, selon lui, des résultats aussi bons que Google, et même meilleurs, puisqu’il est possible de les personnaliser. Vous pouvez par exemple indiquer que vous voulez voir plus ou moins de résultats provenant d’une certaine source (comme Reddit, ou un site spécifique, comme Forbes). Kagi offre aussi la possibilité de chercher dans des types de documents précis, et d’utiliser des outils d’IA générative si vous le voulez.
Il n’y a en plus aucune publicité, aucun suivi publicitaire et vos recherches ne sont pas sauvegardées. C’est, en théorie, le moteur de recherche idéal.
Il est bon de noter que les commentaires au bas de l’article de David Pierce ne partagent pas tous son enthousiasme, mais que j’ai personnellement bien aimé mes premiers essais avec l’outil. Je devrai toutefois l’essayer pendant plusieurs mois pour m’en faire une idée.
La question du prix
J’aime beaucoup le concept de Kagi, et je suis prêt à payer pour un service du genre.
En toute honnêteté, je ne sais pas si je suis toutefois prêt à payer autant que ce que Kagi demande.
Le service offre un essai gratuit de 100 recherches et de 50 requêtes d’IA. Ensuite, vous devez payer 5$ américains (7,16$) par mois plus taxes pour 300 recherches (trop peu pour mes besoins) ou 10$ américains (14,33$) pour des recherches illimitées.
C’est peu pour une fonctionnalité aussi importante et qu’on utilise aussi souvent. Malheureusement, on pourrait aussi dire que c’est cher pour quelque chose que d’autres offrent gratuitement. Ça donne l’impression qu’on se paye un luxe. DuckDuckGo offre aussi une expérience sans suivi publicitaire, et ses publicités (en fonction des mots que vous avez cherchés, et non de votre existence sur le Web) sont suffisantes pour payer le service, par exemple.
Qu’est-ce que je retire de tout ça? La gratuité a mal servi le web au cours des deux dernières décennies. Les mauvais côtés des réseaux sociaux sont amplifiés par les algorithmes qui visent à maximiser l’engagement. La course aux clics nuit à la qualité dans les médias, et explique en partie la crise de confiance qu’on observe. Les applications de météo vous indiquent gratuitement s’il va faire beau dans les prochaines heures, mais elles revendent toutes vos données de géolocalisations à d’autres entreprises. Et la liste est longue.
L’arrivée de services payants comme Kari marque un retour du balancier important. Mais aussi longtemps que le service sera aussi cher, celui-ci demeurera marginal.
Tant pour Kagi que pour les autres services qui voudront faire payer pour ce que les géants technos offrent gratuitement, un juste milieu devra éventuellement être trouvé.
En attendant, si vous essayez Kagi, faites-moi part de vos impressions, je suis curieux.
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