Les Québécois et l’IA générative : cinq statistiques frappantes
Enfin!
J’ai lu plusieurs sondages au cours des derniers mois sur l’utilisation de l’intelligence artificielle générative (IAG) au Québec et au Canada. Ceux-ci étaient à peu près tous commandités par des entreprises qui avaient de la salade à vendre, et visaient surtout les entreprises, justement.
Les résultats variaient d’ailleurs grandement d’une étude à l’autre, et mon niveau de confiance envers celles-ci était très bas.
L’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval vient finalement corriger la situation avec l’étude NETendances 2024 sur l’intelligence artificielle générative et les données personnelles, créée à partir d’un sondage réalisé auprès de 1234 adultes Québécois en octobre 2024 (ce qui est encore assez récent pour représenter la réalité actuelle dans un domaine qui évolue rapidement).
Plusieurs statistiques ont retenu mon attention. En voici cinq.
Seulement 33% des Québécois sondés ont déjà utilisé l’IAG
Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais pour un sujet qui a autant fait parler de lui, et qui est si facilement accessible, ça me semble quand même peu.
Parmi ceux qui l’ont utilisé, 11% le font tous les jours, 27% le font quelques fois par semaine, 21% le font quelques fois par mois, 34% le font rarement et 8% l’ont utilisé qu’une seule fois.
Le taux d’utilisation correspond à peu près à ce que je m’attendais (19% des adultes Québécois y vont au moins quelques fois par mois), mais il y a étonnamment une grande partie de la population qui en a entendu parler et qui n’a pas été l’essayer (46% des adultes en tout).
Les Québécois ont une confiance démesurée en l’IA générative
Vous pouvez voir les chiffres dans ce tableau, mais les Québécois qui utilisent l’IA ont vraiment beaucoup trop confiance en ses capacités pour résumer des contenus (42% ont une forte confiance), rédiger et réécrire des textes (43% ont une forte confiance) et obtenir des conseils dans les prises de décisions du quotidien (20% ont une forte confiance).
Notons que je n’aurais pas utilisé les mêmes catégories de confiance que NETendances (quelqu’un qui évalue sa confiance à 4/10 tombe dans la catégorie « confiance modérée », alors qu’en pratique, ça me semble plutôt une faible confiance).
Faites ce que je dis, pas ce que je fais
Les participants au sondage affichent quelques contradictions importantes. Par exemple? 69% de la communauté étudiante utilise l’IAG. Pourtant, la majorité des étudiants ne trouve pas cet usage acceptable.
La littératie en IA laisse à désirer
Les auteurs de l’étude ont posé six questions aux sondés pour savoir si ceux-ci étaient capables de reconnaître les situations où l’IA est utilisée. Il n’y avait aucune question piège.
Selon les résultats, 56% des Québécois ont une capacité limitée à reconnaître l’IA. Pour un domaine aussi nouveau, ce n’est pas tout à fait surprenant, mais cela démontre qu’il y a encore du travail à faire.
Notons qu’il y a ici concordance entre la littératie observée (du moins à cette questions) et la perception de littératie par rapport à l’IA dans la population. En effet, seulement 10% des sondés affirment avoir une forte littératie en intelligence artificielle. La tranche d’âge la plus confiante est celle de 24 à 34 ans, à 18%.
7% des utilisateurs et utilisateurs potentiels payent pour l’IA générative
Parmi ceux qui utilisent l’IAG ou qui prévoient le faire, 7% payent pour un service comme ChatGPT Plus et Gemini Pro.
C’est un peu ce à quoi je m’attendais. Le prix de ces IA (environ 28$ par mois en moyenne) est conçu pour les grands utilisateurs, et non pour monsieur et madame Tout-le-Monde.
Il sera d’ailleurs intéressant de voir comment ces prix vont évoluer avec le temps. Il y a certainement un juste milieu qui devrait être atteint.
Cette semaine, l’opérateur français Free a annoncé que ses clients recevraient un abonnement d’un an à l’IAG française Le Chat Pro de Mistral (une valeur de 27$ par mois). Peut-être que des ententes du genre seront de plus en plus fréquentes.
Car entendons-nous : les IAG gratuites existent, elles pourront de plus en plus être installées gratuitement sur son ordinateur et elles seront de plus en plus performantes. La très grande majorité des utilisateurs potentiels dans le grand public n’auront pas de « retour sur investissement », et ne peuvent justifier un prix d’abonnement aussi élevé.
Je vais peut-être un jour regretter d’avoir écrit ça, mais tant que ça restera aussi cher, je doute que le taux d’utilisateurs payants augmente significativement.
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